NEWS/ Des nouvelles du procès de l’Elbchaussee

Aujourd’hui, le 13/12, à Leipzig, a eu lieu l’appel du procès portant sur la manifestation de la rue bourgeoise Elbchaussee lors du G20 de Hambourg.

Notre ami Loïc a déjà fait 1 an et 4 mois derrière les barreaux, en Allemagne, avant d’être condamné à 3 ans de prison ferme en première instance. En juillet 2020, il avait fait appel de cette peine avec ses avocats ainsi que le procureur qui avait décidé de pousser la folie répressive à son paroxisme en demandant, pour sa part, 4 ans et 9 mois ferme.

Aujourd’hui, la cour fédérale allemande a rejeté l’appel du procureur ainsi que celui de Loïc. Notre ami se retrouve donc sous le coup de l’application de la peine ordonnée en première instance : 3 ans de prison ferme. Il devrait théoriquement passer encore 1 an et 8 mois en cellule, soit 20 mois ferme.

Deux autres personnes mineures au moment des faits – également accusées dans le procès de l’Elbchaussee – risquent actuellement une peine plus importante qu’en première instance car la cour fédérale allemande a décidé d’accepter l’appel du procureur, en ce qui les concerne. Le délibéré doit être rendu dans une semaine.

Ces peines sont des peines politiques, nous continuerons de les dénoncer et de nous y opposer. Plus d’informations arriveront prochainement.

Solidarité avec Loïc !

NEWS / Retour sur l’audition en témoin avec la DGSI de Paris

Le 24 août dernier, Loïc était convoqué à Nancy par la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure). Deux flics avaient fait la route depuis Paris pour l’interroger sur une mystèrieuse affaire où notre ami était convoqué en tant que témoin. Voici son récit, écrit dans la foulée.

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« J’ai décidé de ne pas répondre aux questions en me limitant à cette réponse : « Je n’ai pas envie de répondre », expliquant dès le début que j’ai déjà eu une mauvaise expérience avec cette élite policière par le passé. La policière de la DGSI qui faisait mon audition me répond alors « ah bon ? Pourtant, dans le rapport de votre GAV de 2015 avec la DGSI, vous avez bien répondu aux questions et vous étiez très respectueux et coopératif ».

Je lui précise en retenant mes larmes que j’avais subi plusieurs pressions qui m’avaient traumatisées. Et que maintenant je suis encore moins en confiance vis-à-vis de la DGSI, sachant comment sont lissés leurs rapports.

Ils n’ont rien à me reprocher. Elle me dit que je n’ai pas à m’inquiéter, car je ne suis que témoin sinon ils seraient venus à 6h00 du matin me chercher. L’autre policier de la DGSI change de place après que je lui précise que je n’entends pas de l’oreille gauche. En se positionnant en face de moi et posant son bras sur la table, je remarque qu’une goutte de sang coule de son bras, je lui dis spontanément : « vous saignez ! » il répond en me regardant : « t’aurais pu faire attention ! » sous-entendant en blaguant que je l’aurais agressé. Il rigole avec sa collègue et je rejoins avec un rire forcé la blague de mauvais goût. Par la suite, je me suis demandé pendant plusieurs minutes si c’était une blague ou une construction policière pour exercer un moyen de pression.

Mes réponses répétitives agacent la DGSI qui s’est mise à me poser des questions (retranscrite dans le PV) comme « Faisait-il beau hier à Nancy ? » Mais comme je n’ai également pas eu envie de répondre, l’enquête météorologique n’a pas pu avancer. Nous ne saurons donc pas si il faisait beau ou non hier à Nancy. Un scandale.

Mais il fallait être prudent, si par mégarde, j’avais dit qu’il faisait beau alors qu’il pleuvait. Cela serait devenu un faux témoignage avec à la clef un risque de 5 ans de prison ferme maximum. Je n’ai pas eu envie de prendre ce risque.

J’ai demandé 3 ou 4 fois sur quoi ils enquêtent. Même si la policière de la DGSI semble ravie de voir que je dise autre chose que « je n’ai pas envie de vous répondre » mes questionnements resteront cependant absents du procès-verbal lors de la relecture. Je ne le signerai pas. Malgré mes demandes répétitives de savoir pourquoi je suis là, la nature de cette affaire, on refuse de me le dire au prétexte que je refuse de répondre aux questions « basiques » comme le temps qu’il faisait à Nancy hier, ma date de naissance écrite sur le permis de conduire qu’avait la policière de la DGSI dans sa main, ou encore « Quels sont vos centres d’intérêts, vos activités ? »

On me demande à un moment si je me considère comme un militant écologiste. Précisant encore une fois que je ne veux pas répondre, la DGSI me dit : « attends, c’est bien l’écologie non ? Tu ne veux même pas répondre à ça ? » « – je n’ai pas envie de vous répondre ».

Quels rapports ont toutes ces questions avec l’enquête ? En quoi les centres d’intérêts d’un témoin ou le temps qu’il a fait hier à Nancy aidera à résoudre l’affaire ?

La DGSI joue la carte de l’ego et de la pseudo-intrusion : « Vous tenez super bien votre ligne, franchement chapeau, je suis surpris, je suis content d’avoir fait le déplacement. Tu pourrais faire du théâtre, tu sais. Tu sais très bien jouer un rôle. Mais par contre on le voit avec tes mimiques, tu te trahis avec ton regard, même si tu ne veux pas répondre. On peut refaire l’audition depuis le début si tu veux, parce que là, tu vas t’en vouloir, ça va te tracasser de ne pas savoir pourquoi on t’a convoqué exactement. Je te le dis pour toi. Tu vas le regretter, tu vas y penser des jours et des jours. Si tu réponds aux premières questions, on te posera les questions sur l’affaire. »

Aurais-je trahis par mon attitude ou mon regard le temps qu’il faisait hier à Nancy ?

On peut se demander pourquoi ces questions anodines sont si importantes. À un tel point que ne pas savoir le temps qu’il faisait hier à Nancy, empêche une enquête de la DGSI datant de 2018. Une des stratégies policières est de vous laisser parler sur des sujets sans importance pour petit à petit glisser vers les sujets sensibles. Étant lancé, vous ne pouvez plus vous arrêter car cela serait louche. Mélangé avec les techniques psychologiques de « créations de souvenirs », vous pouvez être amené à dire des choses que votre interlocuteur veut vous faire dire, mais qui n’existent pas dans la réalité. D’autant plus quand la narration est portée par « l’uniforme », « l’autorité ». Ayant vécu cette situation avec la DGSI en 2015 lorsque j’avais 19 ans, je n’ai pas eu envie de re-participer à cet ignoble spectacle qui se déroule dans le huis-clos des commissariats, où des « réalités » sont construites aux bons vouloirs d’acteurs et d’actrices endossant le rôle oppressant de policier. Alors que l’on pourrait se passer de ces uniformes et commissariats pour regarder nu le ciel et sentir la pluie ruisseler sur son corps.*

Au final je ne saurai même pas de quelle infraction j’aurais été le témoin, les policiers ne m’ayant rien dit à ce sujet… comment pouvais-je donc témoigner de faits dont j’ignore tout ?

Je remercie Le Bloc Lorrain et Média Jaune de Lorraine pour le soutien et le rassemblement devant le commissariat. Ainsi que toutes les autres personnes venues soutenir depuis d’autres horizons. »

Loïc, 24 août 2021

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* LIVRE pour creuser : « Abolir la police, Échos des États-Unis » – Collectif Matsuda (10 septembre 2021)

Les États-Unis ont connu des révoltes Black Lives Matter sans précédent à l’été 2020, après la mort de Georges Floyd, un Afro-Américain tué par un policier. Les slogans « Abolish the police » et « Defund the police » se sont imposés dans le débat public. Le programme est clair : il faut créer des mondes plus sûrs et plus justes, sans police, depuis des collectifs de quartier, afro-américains ou féministes. Ou, comme dit Angela Davis, « construire des communautés fortes pour rendre la police obsolète ». Ce recueil de traductions inédites présente le mouvement abolitionniste américain, particulièrement stimulant, ainsi que les luttes desquelles il hérite, de labolition de lesclavage au Black Power.

NEWS / Parution de la brochure : « KEINE G20, KEINE PROBLEM »

Les deux déclarations prononcées par Loïc devant le tribunal de Hambourg, les 17 juin et 9 juillet dernier ont été rassemblées en une brochure afin de les diffuser aussi largement que possible. Un texte d’introduction présente le contexte de cette affaire et les enjeux du procès afin de les rendre accessibles à celles et ceux qui n’auraient pas suivi le long et fastidieux déroulé du procès.

De telles déclarations, en ce qu’elles constituent des prises de positions politiques fortes, ne s’adressent évidemment pas aux seul.e.s magistrat.e.s de la cour de Hambourg, chargé.e.s de juger notre ami et ses co-accusés dans le cadre des procédures post-G20 et méritent de continuer à circuler, maintenant que ce premier procès est terminé.

Bonne lecture !

Télécharger « Keine G20 Keine problem » (PDF – 10,0Mo)

NEWS / Revue de presse de ces derniers jours

Voici une revue de presse des articles faisant références au procès de l’Elbchaussee et à la situation de Loïc, avant et après les dernières déclarations puis suite à l’annonce du verdict en 1ère instance.

Si vous souhaitez lire ces articles en français, vous pouvez par exemple utiliser le traducteur en ligne deepl.

AVANT LE 10 JUILLET

Rote Hilfe – SRI

L’organisation historique contre la justice de classe et la répression des mouvements sociaux en Allemagne se solidarise avec les inculpés et appelle au soutien tout en soulevant l’impunité des vrais malfrats du sommet.

https://www.rote-hilfe.de/news/bundesvorstand/1071-g20-prozesse-politisches-exempel-im-elbchaussee-verfahren-erwartet

La IL – Gauche Interventioniste

Le Groupe local de Heidelberg Akut+C (www.akutplusc.org/) a publié un long commentaire sur les suites de l’impunité de la violence policière contre tout et n’importe qui influe fortement sur la possibilité de faire de la désobéissance civile. Le texte part de l’expérience personnelle d’un camarade ayant participé aux actions de « Block G20 »

https://blog.interventionistische-linke.org/g20-gipfel/ziviler-ungehorsam-und-polizeigewalt 

TAZ

La TAZ s’indigne de l’acquittement de l’ex-policier qui avait balancé une canette sur ses collégues l’hors de la manif Welcome to Hell. Titre: « il faudrait être un agent de police ».

https://taz.de/Archiv-Suche/!5693981&s=g20&SuchRahmen=Print/

Un deuxième article fait l’interview de l’activiste médias Rasmus Gerlach, qui organise une soirée en images autour du G20 à la Rote Flora. Continuer la lecture de NEWS / Revue de presse de ces derniers jours