ANALYSE / « La police d’Hambourg a tellement échoué à maintenir l’ordre qu’il lui faut maintenant réussir sa traque »

Un an après la contestation du G20 d’Hambourg, une traque européenne vient d’être lancée contre des personnes accusées d’avoir participé aux actions qui ont mis l’État allemand en échec. Un membre de la Legal Team du contre-sommet revient sur un an de répression et analyse la coordination de cette répression européenne.

Orel, activiste allemand membre de la legal team des manifestations anti G20 était de passage à Dijon. Nous lui avons posé quelques questions sur la répression post G20, dont les vagues s’enchaînent jusqu’à l’actualité brûlante.

Est-ce que tu peux nous redire quelque mots sur ce qui s’est passé à Hambourg ?

Alors en juillet dernier, il y a eu un G20 à Hambourg, avec une mobilisation assez spectaculaire de mouvements disons post-altermondialistes. Ça a été une des mobilisations anti-capitalistes les plus impressionnantes de ces dernières années. C’était autour du 7 juillet, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont réunies, pendant que les dirigeants du G20 se retrouvaient au plein cœur de Hambourg. Le lieu a été choisi en plein centre de cette ville « métropole » émergente, nom que se donnent toutes les grandes villes capitalistes du monde occidental, qui ont toutes l’espoir de profiter de ce genre d’évènement pour se donner une image de ville sous contrôle.

En réalité, le sommet a été largement perturbé par ces contestations, et Hambourg a complètement échoué dans sa démonstration du maintien de l’ordre, malgré une répression féroce.

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« JE CHOISIS LA CAVALE »

Au printemps 2018, Loïc apprend qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, dans le cadre d’une enquête sur le contre-sommet du G20 à Hambourg, en juillet 2017. Le 14 juin, il publie sur différents médias autonomes français ce texte dans lequel il déclare son intention de ne pas se présenter à la justice.

Le mardi 29 mai, lorsque mon père part au travail, la police rôde dans la ruelle. L’un d’eux précisera qu’il était présent depuis 3h30 le matin, guettant mon retour au domicile familial. C’est lorsque ma mère rentre le soir, à 19h30, que 15 policiers réalisent une perquisition de la cave au grenier. Elle durera 4 heures, jusqu’à 00h00.

La police allemande est également présente. Ils prennent des clés USB (dont celle de mon père qu’il utilise pour le travail), des CD, deux disques durs externes (dont celui de ma petite soeur), une bombe de peinture, des habits (ils recherchent longuement un slip en particulier, sans succès), le vieux caméscope familial, un feu d’artifice, un masque de hiboux de la lutte à Bure etc. Des gendarmes de Commercy, dans la Meuse, sont également présents, profitant de l’occasion pour faire une perquisition en rapport avec Bure sans préciser les motifs. La fameuse enquête « d’association de malfaiteurs » ?

Ce qui a surtout motivé le déploiement de 15 policiers, c’est la manifestation contre le G20 qui a eu lieu à Hambourg l’année dernière. Lors de cette rencontre des chefs d’État des plus grandes puissances de ce monde et des leaders des banques centrales, malgré les 20 000 policiers venus de toute l’Allemagne, le centre-ville d’Hambourg est hors-contrôle. Les gens sont dans la rue, font face à la police, enflamment des barricades. Le ministre allemand des finances et Mélania Trump l’épouse du président Américain sont bloqué·e·s et annulent leur déplacement. Impossible de rejoindre le G20. Des prêtres hébergent dans leurs églises des militantes et militants venu·e·s du monde entier. Impossible pour les leaders capitalistes et grands responsables du réchauffement climatique de se retrouver en paix. On récolte ce que l’on sème. Pour reprendre le contrôle de la rue, la police allemande déploiera même une unité spéciale, fusils d’assaut à la main. Le ministre fédéral de la justice allemande déclarera « Il n’y aura plus de G20 dans une grande ville allemande. » Victoire ! Mais à quel prix ?

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