ANALYSE / L’enfer, c’est le huis clos

Le procès de Loïc et de 4 autres accusés de l’Elbchaussee (du nom de la rue où se déroulait la manifestation en juillet 2017) s’est ouvert ce matin. Nous ne savons pas encore si la trentaine d’audiences qui suivront se dérouleront à huis clos mais c’est ce que souhaite la cour. À cette occasion, nous publions ici un premier texte écrit de sa main, ces dernières semaines, dans sa cellule de la prison de Hostenglacis à Hambourg. Diffusez-le !

« L’enfer, c’est le huis clos »

Le premier procès, à huis clos, s’étalera du 18 décembre jusqu’au mois de mai. 6 mois de procès rythmé par 3 jours d’audience par semaine.

Un second procès également sur le G20 suivra l’été prochain, ce dernier sera normalement ouvert au public. Ayant été arrêté le 18 août à Nancy, la durée de l’incarcération préalable au verdict de ces 2 procès s’élève donc à près d’un an. Un an de prison ferme sans même avoir été jugé. Je n’ose imaginer la sentence finale.

Additionnez les condamnations en justice : du groupe qui coulait des bateaux de migrants, de l’attaque fasciste à l’université du Mirail et du projet d’attentat d’extrême-droite contre des musulmans ; vous n’arriverez même pas à totaliser un an de prison ferme. Comprenez bien que je compare là mon incarcération préalable à leurs condamnations finales !

Quand je connaîtrais la hauteur de ma condamnation, l’écart en sera d’autant plus effroyable. M’en serais-je mieux sorti si j’avais coulé les bateaux des participants au G20, frappé à l’aide d’un bâton le banquier Macron et projeté un attentat contre leur sommet ?

Par cette question, sachez qu’entre la vie d’un chef d’État et celle d’un étudiant, d’un migrant ou d’un musulman, je ne fais aucune distinction de valeur. La vie est si précieuse que je ne me vois l’ôter en aucun cas à personne. Et si je devais ôter quelque chose, ce serait le costard cravate du président banquier contre un bleu de travail. L’uniforme policier contre celui du sociologue (et sa grenade explosive dont la France est le dernier pays européen à faire usage dans le maintien de l’ordre).

Macron ! C’est le moment de prouver ton attachement à l’Europe ! Oseras-tu continuer à cautionner ce Brexit de l’armement policier ? Et l’autre qui se pavane avec son livre policier « La peur a changé de camp » sur les plateaux télé. Faudrait peut-être penser à changer de méthodes et d’armement. Tuer Rémi Fraisse et bénéficier d’un non-lieu en justice. Vous nous apprenez tellement à ce qu’on l’aime, la police !

J’aimerais bien que vous laissiez la famille d’Adama Traoré tranquille aussi, je dormirais mieux la nuit.

J’embrasse la DGSI, venue à 6h du matin alors que l’attaque informatique ne demandait qu’un référendum sur Bure. Petite formule de politesse non sans rappeler la genèse de ma radicalisation qui remonte à 2015.

Loïc.

Photo : rassemblement ce matin devant le tribunal d’Hambourg