NEWS / La neige qui tombe sur Hambourg…

Mardi matin a eu lieu la première journée du procès des 5 accusés de l’Elbchaussee à Hambourg. Il y avait beaucoup de monde en soutien devant le tribunal, l’audience en a même été retardée. Les accusés sont entrés et sortis de la salle sous des salves d’applaudissements, le poing levé. Cette première journée a été marqué par une longue lecture des actes d’accusations et des critiques de la défense qui a souligné le caractère politique de ce dossier, son vide et la faiblesse des preuves. Contrairement à ce que la juge souhaitait ces dernières semaines, la cour n’a pas imposé de huis clos pour les prochaines audiences. Elles seront donc ouvertes au public (mais la salle n’est pas immense !) et il sera possible de venir soutenir notre ami ! Mardi, quelques proches avaient fait le déplacement et cela lui a eu l’air de lui faire chaud au coeur.

Les prochaines audiences sont prévues le 8, 10, 15 et 17 janvier 2019.

ACTION / Manifestation « Ensemble contre la répression » à Hambourg

Article traduit de l’allemand
Source : de.indymedia
Le 17 décembre 2018, un cortège de 400 manifestant.e.s a démarré de la Rote Flora vers la maison d’arrêt de Holstenglacis. Deux personnes de la région de Francfort y sont en détention provisoire depuis six mois et deux autres ont été libérées en raison de leur jeune âge. Un jeune activiste français y est aussi incarcéré. Le 18 décembre, le procès contre ces cinq personnes commence.

Ils sont accusés d’avoir participé ou d’avoir été présents à des actions s’étant déroulées dans l’avenue de la Elbchaussee, le vendredi matin du week-end du sommet de 2017. « Avec cet acte d’accusation, la participation présumée à une manifestation est une fois de plus criminalisée et illustre qu’au lendemain du sommet du G20, une ligne dure sera prise à l’encontre des activistes. Il est à craindre que ce procès place politiquement la barre très haut en terme de sanctions pour les procès suivants et serve à criminaliser la participation aux manifestations en général« , a déclaré Liselotte Meyer.

La manifestation, qui s’est déroulée en signe de solidarité et d’encouragement aux personnes touchées par la répression, est passée par la Marktstrasse jusqu’à la prison de Holstenglacis. Un important dispositif comportant des policiers de plusieurs États fédéraux a été utilisé pour tenter d’intimider les participants. Les manifestants ne se sont pas laisser impressionner et ont scandé à tue-tête des slogans, lançant un signe fort contre la répression de l’Etat. La manif a été accompagnée de feux d’artifice provenant des toits voisins.

« Concernant les procès de la Elbchaussee, nous ne nous laisserons pas diviser. Nous exprimerons notre entière solidarité avec les accusés, et ceci de manière totalement indépendante de la question de leur culpabilité ou non. Dans un contexte de résistance contre les États oppresseurs, cette question n’a de manière générale aucune importance pour nous ! Cette manifestation sera suivie d’autres actions de solidarité, pour montrer aux accusés que nous ne les laisserons pas seuls« , poursuit Liselotte Meyer.

Au début du procès, le 18.12.12., un rassemblement de soutien aura lieu à 8h00 devant le tribunal de grande instance de Hambourg Mitte.

L’alliance « Ensemble contre la répression »

ANALYSE / L’enfer, c’est le huis clos

Le procès de Loïc et de 4 autres accusés de l’Elbchaussee (du nom de la rue où se déroulait la manifestation en juillet 2017) s’est ouvert ce matin. Nous ne savons pas encore si la trentaine d’audiences qui suivront se dérouleront à huis clos mais c’est ce que souhaite la cour. À cette occasion, nous publions ici un premier texte écrit de sa main, ces dernières semaines, dans sa cellule de la prison de Hostenglacis à Hambourg. Diffusez-le !

« L’enfer, c’est le huis clos »

Le premier procès, à huis clos, s’étalera du 18 décembre jusqu’au mois de mai. 6 mois de procès rythmé par 3 jours d’audience par semaine.

Un second procès également sur le G20 suivra l’été prochain, ce dernier sera normalement ouvert au public. Ayant été arrêté le 18 août à Nancy, la durée de l’incarcération préalable au verdict de ces 2 procès s’élève donc à près d’un an. Un an de prison ferme sans même avoir été jugé. Je n’ose imaginer la sentence finale.

Additionnez les condamnations en justice : du groupe qui coulait des bateaux de migrants, de l’attaque fasciste à l’université du Mirail et du projet d’attentat d’extrême-droite contre des musulmans ; vous n’arriverez même pas à totaliser un an de prison ferme. Comprenez bien que je compare là mon incarcération préalable à leurs condamnations finales !

Quand je connaîtrais la hauteur de ma condamnation, l’écart en sera d’autant plus effroyable. M’en serais-je mieux sorti si j’avais coulé les bateaux des participants au G20, frappé à l’aide d’un bâton le banquier Macron et projeté un attentat contre leur sommet ?

Par cette question, sachez qu’entre la vie d’un chef d’État et celle d’un étudiant, d’un migrant ou d’un musulman, je ne fais aucune distinction de valeur. La vie est si précieuse que je ne me vois l’ôter en aucun cas à personne. Et si je devais ôter quelque chose, ce serait le costard cravate du président banquier contre un bleu de travail. L’uniforme policier contre celui du sociologue (et sa grenade explosive dont la France est le dernier pays européen à faire usage dans le maintien de l’ordre).

Macron ! C’est le moment de prouver ton attachement à l’Europe ! Oseras-tu continuer à cautionner ce Brexit de l’armement policier ? Et l’autre qui se pavane avec son livre policier « La peur a changé de camp » sur les plateaux télé. Faudrait peut-être penser à changer de méthodes et d’armement. Tuer Rémi Fraisse et bénéficier d’un non-lieu en justice. Vous nous apprenez tellement à ce qu’on l’aime, la police !

J’aimerais bien que vous laissiez la famille d’Adama Traoré tranquille aussi, je dormirais mieux la nuit.

J’embrasse la DGSI, venue à 6h du matin alors que l’attaque informatique ne demandait qu’un référendum sur Bure. Petite formule de politesse non sans rappeler la genèse de ma radicalisation qui remonte à 2015.

Loïc.

Photo : rassemblement ce matin devant le tribunal d’Hambourg

NEWS / Soirée de soutien à Nancy !

Retrouvons-nous au nouveau Foyer populaire de la Fac de lettres pour partager des nouvelles récentes de notre ami et comprendre sa situation, lire ensemble certains de ses textes ou toute autre initiative qui surgirait sur le moment ! Parce que la répression nous concerne tout.es et qu’elle ne doit pas sévir dans l’indifférence.

PROGRAMME APPROXIMATIF

18h30 – Discussion autour du procès de l’Elbchaussee à Hambourg
20h – Auberge espagnole en soutien aux inculpés du G20
20h45 – Projection : « Les enfants de Summerhill », documentaire sur une expérience de pédagogie alternative et libertaire que notre ami cite régulièrement en exemple !

Plus d’infos sur l’affaire et le procès

NEWS / Nouvelles de Loïc et appel à rassemblements !

Nous pensions que les prisons françaises excellaient en matière d’absurdité kafkaïenne. Nous voilà détrompé.es ! L’administration pénitentiaire allemande semble bien en mesure de leur faire la leçon. Depuis son arrivée à la taule centrale de Hambourg, notre ami subit quotidiennement l’arbitraire d’un règlement où l’opacité le dispute à l’invraissemblable. Un exemple. Le mois dernier, Loïc a été punit d’une heure d’isolement parce qu’il donnait du pain aux oiseaux venus siffler un air de liberté aux barreaux de sa fenêtre. Le pain, paraît-il, rendrait malade les maigres volatiles. Mais les bons sentiments des matons ne les ont guère pousser à retirer les lames aux barbelés qui partout hérissent les murs de la prison et sur lequels gisent les cadavres de moineaux malchanceux. « Bien que ce fut la punition la plus absurde et la plus méchante de ma vie, je n’ai pas pu m’empêcher de rire« , écrit Loïc dans l’une de ses lettres.

Le reste est à cette image. Chaque acte, chaque jour entre ces murs, est marqué du sceau de la bêtise bureaucratique. Depuis son extradition le 6 octobre, Loïc se trouve dans le bâtiment réservé aux détenus étrangers, c’est-à-dire à ceux qui ne parlent pas allemands. Et dans ce bâtiment, bien sûr, aucun surveillant ne parle une autre langue que l’allemand. Ses affaires personnelles sont restées bloquées durant des semaines. 25 jours avant de recevoir le moindre vêtement. Un mois et demi pour obtenir quelques uns de ses livres parmi lesquels, nous l’espérons, des dictionnaires et une méthode d’allemand.

Les livres, parlons-en. Pour qu’il les reçoive, ceux-ci doivent être neufs. L’administration recommande de les acheter sur Amazon mais accepte toutefois les colis d’une librairie de la ville. Et pour chaque ouvrage, le prisonnier doit obtenir une autorisation spécifique. Sans cela, le livre entre en prison et file directement au grenier où il l’attendra jusqu’à sa sortie. Malgré ces précautions, certains livres se perdent en route. Sûrement dorment-ils au côté de la partie du courrier qui n’est jamais délivrée ou expédiée… Cette autorisation, « Anfrage » en germain, est le sésame qui régit la vie des taulard.es. Il faut remplir un papier pour tout. Et le papier, il faut le remettre au surveillant au réveil, c’est-à-dire à 6h45 du matin. Ensuite, c’est trop tard pour le reste de la journée. C’est qu’il faut bien inculquer la discipline matinale aux repris de justice.

Seul en cellule 23 heures par jour, Loïc n’a droit qu’à deux heures de parloir par mois (hormis les rencontres avec ses avocats). Et là encore, la taule fait preuve d’ingeniosité pour humilier les êtres et contraindre les corps. Trois personnes sont autorisées à le voir mais elles n’iront pas seules. Dans le box aseptisé où une longue table empêche les étreintes se trouvent deux mouchardes, une interprète francophone et une flic connaissant parfaitement le dossier. Un mot au sujet du G20 ou de sa future ligne de défense et s’en est fini de la visite. Difficile de savoir ce qui relève du traitement habituel et ce qui est particulier à sa situation mais il semble que la dureté de ces conditions, comme celles de toute.s les autres prisonnièr.es du G20, ne soit pas sans lien avec le caractère politique des faits qui lui sont reprochés. Comme leur gouvernement, leurs juges et leurs flics, les matons hambourgeois n’ont toujours pas digéré les journées émeutières de juillet 2017.

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