Depuis quelques jours, notre ami et camarade Loïc dort derrière des barreaux allemands. Comme nous le craignions, la France n’a pas traîné pour céder aux demandes d’extradition de son voisin. Le 26 septembre, la Cour de cassation a rejeté l’appel de Loïc et ainsi validé le mandat d’arrêt européen sous le coup duquel il a été violemment interpellé à Nancy, le 18 août. Elle estime notamment qu’il n’est « pas poursuivi en raison de ses opinions politiques ». Quelques jours plus tard, notre ami quittait la prison de Maxéville, devenant ainsi le premier inculpé du G20 de Hambourg à être transféré en Allemagne par les autorités de son pays.
Les autorités l’ont amené ce week-end jusqu’à Hambourg. Loïc se retrouve donc en détention provisoire à 750 km de chez lui et de ses proches, dans un pays dont il ne parle pas la langue et ce pour une durée indéterminée. Les enquêteurs allemands étaient pourtant parfaitement en mesure de venir l’interroger en Lorraine. D’autant qu’ils connaissent la route puisque nous les y croisons régulièrement ces derniers mois.
Si la coopération policière franco-allemande ne nous surprend plus, nous constatons toutefois qu’elle semble chaque fois un peu plus fluide. Intérêts communs, méthodes communes ? La France qui prépare son G7 de l’été prochain (à Biarritz, fin août) semble toute dévouée à aider les autorités allemandes à traquer partout en Europe celles et ceux qui auraient saboté sa grand-messe capitaliste de juillet 2017. En revanche, les vieilles reliques telles que le droit à la défense n’ont apparemment plus cours. Le 25 septembre dernier, Loïc n’a pas été conduit à son propre procès. L’audience – relevant d’une affaire précédente au sujet de piraterie informatique – avait lieu à Paris. L’administration pénitentiaire lui suggère d’abord de comparaître par webcam, ce qu’il refuse. Il exige d’assister à son procès pour lequel il a préparé une déclaration. On lui promet alors de faire le nécessaire pour organiser son déplacement mais rien ne sera fait. C’est enfermé à Nancy qu’il passe la journée du 25. Le procès sera reporté au 4 décembre en raison de l’absence de l’accusé.
Empêché de se défendre en France, Loïc va donc devoir faire face aux accusations allemandes. Or, en Allemagne, le temps semble s’accélérer. Après des mois de traque, des milliers d’enquêtes ouvertes, des appels à délations diffusés massivement dans la presse et sur Internet, la soko « black block », la celulle spéciale créée après le sommet de Hambourg, est sous pression pour boucler ses dossiers. Les effectifs ont été considérablement réduits début octobre. Il s’agit maintenant de fournir des résultats. Or, compte tenu des moyens déployés et de la propagande d’État autour des émeutes qui ont ravagé certaines parties de la ville pourtant gardée par des dizaines de miliers de policiers, les futurs procès s’annoncent déjà truqués. Ce que nous verrons à Hambourg dans les mois qui viennent, ce ne sera pas le procès de tel ou tel acte, de telle ou telle autre personne, mais celui d’une humiliation publique pour les dirigeants allemands et les responsables locaux, l’acte de vengeance d’un gouvernement débordé par des miliers de personnes prenant les rues et saccageant méthodiquement les symboles d’un monde délirant.
À ce titre, nous dénonçons dès à présent l’instrumentalisation du procès de Loïc et des autres inculpé.e.s de la Elbschaussee, à des fins de manipulation politique. Selon les informations dont nous disposons, celui-ci pourrait débuter à la mi-décembre. Et la cour d’Hambourg n’envisagerait pas moins de plusieurs mois d’audiences !
Seul.e.s quelques-un.e.s sont enfermé.e.s, mais nous somme tou.te.s visé.e.s !
Feu aux prisons !
Liberté pour Loïc !
S’il en manque un, il devrait être puni.
Mais les juges doivent le faire,
qui, sans rancune, les chèvres des moutons
savent séparer.
Et les passions se reposent alors.S’il en manque un, il devrait être puni.
Mais pas devant une cour martiale étrangère,
et non selon les paragraphes nationaux.
Ça ne marche pas comme ça.Appellent les agitateurs, les hurleurs à la guerre –
c’est beaucoup trop fort pour moi.
Par leur folie ils font chuter jusqu’au berceau,
ce que nous avions construit.Vous avez la victoire. Etes-vous obligés de vous rouler en elle ?
Ne pourriez-vous pas être humains ?
Mais nous vous rappelons, si vous venez vers nous sur des échasses :
c’est un non catégorique !— Theobald Tiger, Extradition.