ANALYSE / Pourquoi faut-il soutenir Loïc – Appel à rassemblement le 25 septembre

Notre camarade et ami, maraîcher et poète, frère et compagnon Loic, a été arrêté par des unités d‘intervention de la police le 18 août à Nancy. Ces derniers ont éxécuté un mandat d‘arrêt européen qui avait été émis à son encontre en raison de sa participation présumée aux émeutes durant le sommet du G20 à Hambourg. Après trois mois de clandestinité, l`Etat a mis fin à la liberté de notre ami alors qu‘il essayait de rendre visite à ses proches.

Depuis, Loic se trouve à la prison de Nancy-Maxéville. Il est actuellement menacé d‘extradition vers l‘Allemagne pour répondre de « graves infractions » commises durant les contestations contre les plus puissant.e.s criminel.le.s, despotes, chef.fe.s de guerre et truqueur.e.s d‘élection de ce monde.

Mais qui sont les terroristes ?

L‘État allemand veut se venger. Loic, les autres amis qui se trouvent en prison – Christian, Tamaş et Mohammad -, et peut-être encore d‘autre indociles, doivent payer pour les émeutes qui se sont déroulées dans les rues de la ville hanséatique (Hambourg) l‘année dernière, lors de ces jours de juillet enflammés.

La vengeance n‘est pourtant pas le but de la justice. L‘administration hambourgeoise semble cependant démontrer le contraire, notamment au vu de ses jugements sévères et les incroyables moyens d‘investigation mis en oeuvre. La justice francaise suit la même tendance et a trouvé en Loic un parfait bouc émissaire dont le sort doit servir d‘exemple.

Loic est poursuivi pour diverses infractions en France, qui n‘ont rien à voir avec Hambourg. Qu‘il s‘agisse de supposées participations à une cyberattaque, à des manifestations ou à la dégradation d‘une clôture du soit-disant « labo de recherche » de la poubelle nucléaire CIGEO, c‘est avant tout son activisme qui est criminalisé. « In dubio pro reo » (le doute profite à l‘accusé) n‘est plus un principe en vogue dans une justice qui devient toujours plus politique.

Ce mardi, 25 septembre, Loic devra passer en appel devant le palais de justice à Paris (Pole 4 Chambre 10) pour répondre des accusations d‘attaques informatiques. Il y a plusieurs années, le jeune activiste a été condamné pour avoir participé à un piratage d‘infrastructure informatique de grands projets inutiles.

L‘un des nôtres

Loic est depuis toujours un insoumis qui a été politisé dans une époque où les gouvernements et les lobbies ont largement étendu leurs ambitions néoliberales destructrices des systèmes sociaux et écologiques. Une période durant laquelle les frontières sont de plus en plus fermées et où les flics, de plus en plus militarisés, maltraitent et tuent les insubordonné.e.s, dans les forêts, dans les rues, dans les cités et dans les prisons.

Mais Loic s’est aussi politisé à une époque, dans laquelle la résistance concrète devient de plus en plus palpable : à Sivens, dans le Val-de-Suse, à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure – où la France entend construire le plus gros chiotte nucléaire d‘Europe. Il s’est politisé dans un temps, durant lequel nous nous sommes défendu.e.s contre les grands projets inutiles et où en 2016, des centaines de milliers de personnes, des douzaines de barricades, des pluies de pavés et des cocktails explosifs ont tenté de freiner des mois durant, la machine de casse sociale et la libéralisation du marché du travail.

La « cellule de Bure »

Depuis l‘instauration du tandem zélé – le procureur Glady et le juge Le Fur – au tribunal provincial de Bar-le-Duc, la répression contre ceux qu‘ils appellent « les gens de Bure », est de plus en plus dure. Des douzaines de camarades ont écopé d‘interdictions de territoire en raison de leur engagement contre CIGEO. Après plusieurs mois de scandaleuses écoutes téléphoniques et autres odieux moyens de surveillance, diverses personnes engagées depuis des années contre le projet CIGEO se voient mises en examen pour association de malfaiteurs, et se retrouvent interdits de territoire et interdits de se contacter.

En plus de l‘occupation militaire du territoire par les gendarmes, se sont accumulées ces deux dernières années des dizaines de perquisitions, des saisies, plusieurs blessés graves et l‘expulsion du bois qui avait été libéré pendant 18 mois. Les ministères publics et les flics des deux côtés de la frontière semblent soudain considérer la Meuse, ce calme département de Lorraine, comme le « quartier général » des Black Blocs.

Bien que ce soient leurs projets délirants qui constituent une menace contre l‘humanité et la nature, c‘est notre humble résistance qui est présentée comme terroriste et qu‘ils tentent de saper par tous les moyens. Que ce soit à Notre-Dame-des-Landes, à Bure, à Hambacher Forst ou à Kolbsheim, la terreur est et reste le moyen des puissants. Ils exercent leur pouvoir par la violence, la propagande et la peur. Leur système repose sur l‘exclusion, la stigmatisation, la censure et la prison.

La génération de la résistance

Nous sommes la génération à laquelle il a été inculqué que les frontières ouvertes, les relations internationales et la solidarité, indépendemment de l‘origine ou de la classe sociale, sont des valeurs positives. En revanche, dans les sociétés capitalistes, la solidarité ne constitue qu‘un prétexte à l‘extension du marché. « Liberté pour les marchandises, mais pas pour les humains », c‘est le credo indéniable que ces gouvernements ambigus diffusent.

Si notre idée de progrès est celle d‘une société ouverte, la vision court-termiste du capital, elle, ne mène qu‘à la destruction des ressources vitales et à l‘anéantissement des opportunités des générations futures. À présent ils nous reprochent d‘être des criminels internationaux. Ce sont pourtant eux qui s‘abritent derrière le soi-disant Etat de droit, pour le tordre et réprimer férocement les dissident.e.s jusqu‘au-delà de leurs frontières.

Liberté pour Loic !

La cour de cassation de Paris décidera dans quelques jours de son extradition ou non vers l‘Allemagne. Si le mandat d‘arrêt européen est éxécuté, il sera probablement placé en détention provisoire pendant plusieurs mois.

Au vu du déroulement des premiers procès à Hambourg, caractérisés par des jugements disproportionnés, une lenteur inhabituelle des procédures et une propagande active de l‘Etat, il est à craindre que le cas de notre ami ne soit utilisé par les autorités pour essuyer l‘affront de leur fiasco politique au G20 et pour satisfaire leur besoin de revanche.

Bien que l‘Etat français ait tenté depuis des années maintenant de briser l‘insubordination de Loic, ce dernier n‘a jamais abandonné ses idéaux pour un monde plus libre et plus juste. Nous sommes convaincus qu‘en Allemagne non plus, ni les tribunaux, ni les flics, ni le système carcéral ne seront assez forts pour rompre ses convictions. Loic fait partie de ceux et celles qui font de la résistance au capitalisme une fête internationale. C‘est maintenant à nous tou.te.s de lui apporter un soutien retentissant.

Ces dernières années, il a lutté à nos côtés contre cette société délirante avec génie et folie. Nous allons donc tout faire pour que ses pensées, son art et sa résistance soient d‘autant plus visibles à l‘heure où les Etats le privent de liberté.

Nous appelons à une large solidarité avec Loic et tou.te.s les prisonnier.e.s. Nous allons montrer notre colére aux autorités répressives responsables de son incarcération. Nous ne ferons pas de compromis nous ne leur laisserons pas l‘ombre d‘un espoir de nous atomiser.

Seul.e.s quelques-un.e.s sont enfermé.e.s, mais nous somme tou.te.s visé.e.s !

Brisons tous les murs !

Liberté pour Loic !

À bas le monde des puissants !

Notre solidarité est une arme !

Rendez-vous le 25 septembre à Paris pour manifester notre soutien et amitié à Loïc !

Comité de soutien transfrontalier

Article initialement publié tel quel sur manif-est.org et dans une version étoffée sur lundi.am