BÉDÉS / Reportage patate au quai Wilson

L’actualité ne cesse d’inspirer Loïc. Malgré les murs d’enceinte et les centaines de kilomètres qui le séparent de la France, il commente et analyse ce qui passe par chez nous.  La répression et les violences policières occupent une place importante dans ses réflexions et dans celles qu’il veut diffuser pour rompre l’isolement. En témoigne cette nouvelle bande-dessinée dans laquelle il revient sur la mort de Steve, poussé dans la Loire par une charge des flics venus interrompre la fête de la musique, à Nantes, sur le quai Wilson.

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Alors que dans cette affaire, l’enquête semble au point mort et que, pour la première fois depuis le début du mouvement des gilets jaunes, il y a un an, un policier est actuellement jugé pour des faits de violences (malgré des centaines de plaintes et de signalements), on notera avec plaisir une information parue la semaine dernière dans la presse allemande. Deux ans et demi après la tenue du G20 à Hambourg, un flic vient d’être condamné pour son comportement violent. Là encore, ce ne sont pas les témoignages qui manquent pour qualifier l’extrême brutalité des forces de l’ordre durant ces quelques jours de juillet 2017. Jusqu’ici, pourtant, aucune affaire n’était parvenue à se hisser jusque dans un tribunal. Aucun flic n’avait reçu la moindre condamnation. Ni ceux qui ont ouvert des crânes à coups de matraques, ni ceux qui ont fait subir des traitements indignes durant les gardes-à-vue au centre de détention provisoire (Gesa) ni ceux qui ont forcé une foule de manifestants pacifiques à sauter d’un mur haut de plusieurs mètres afin d’échapper à leurs coups donnés à l’aveuglette.

On ne pourrait donc que se satisfaire que la justice commence enfin à être rendue… Malheureusement, les choses ne sont jamais si simples. Et comme nous l’explique astucieusement cet article (en allemand), cette première condamnation concerne un flic reconnu coupable d’avoir molesté… un autre flic. Eh oui. L’action qui reste somme toute assez nébuleuse après trois jours de procès et de nombreux témoignages semble se résumer ainsi : deux flics se trouvent en poste au Gesa, l’un porte une gazeuse et l’autre juge qu’il n’a pas le droit de le faire à cet endroit précis, il lui explique puis le pousse violemment pour appuyer son propos. C’est alors qu’il aurait foulé l’auriculaire de son collègue qui argue aussi d’un état de choc.

Contrairement à ce qu’avait annoncé fièrement le chef de la police de Hambourg à la fin du sommet, il y a donc bien eu des violences policières lors du G20. Hum. Heureusement que la justice reste, contre vents et marrées, ce puissant contre-pouvoir dont l’indépendance se fait la garante de la probité démocratique de nos sociétés !